Certain.e.s le savent : je suis bénévole dans une association depuis quelques années. Au cours de ma vie d'adulte, j'ai déjà eu une vie associative mais je n'avais pas forcément l'impression de faire bien/assez/correctement. Aujourd'hui, je pense que mon syndrome de l'imposteuse et peut être aussi le fait que je n'étais pas vraiment à ma place ont joué.
Depuis 2019, je suis bénévole auprès de l'association En Parler, qui accompagne les victimes de violences sexuelles. Le sujet n'est pas léger vous me direz et pourtant ça m'apporte tellement! Je suis arrivée dans cette asso en me disant que j'aimerai y être bénévole, surtout après avoir rencontré les personnes de l'antenne de Lyon.
Quand je suis devenu officiellement bénévole, j'étais tout feu tout flamme, je pouvais et j'allais changer le monde. SPOILER ALERT : je n'ai pas changé le monde entier.
Au fur et à mesure, j'ai compris et j'ai accepté le rythme et modus operandi (mot trop cool!) de l'associatif. C'est plus lent que quand on est seul, il faut accepter que la discussion et la prise de décision ont un temps très variable (et parfois, ça fait râler), mais ça permet aussi de pouvoir dire : "je suis fatiguée, j'ai besoin de repos et de couper pendant un moment", de dire aussi "je ne comprends pas, j'ai besoin d'aide" et on se retrouve à plusieurs.
J'ai appris la patience (et c'était pas mon fort, j'y travaille encore), j'ai appris que le soutien peut venir très simplement quand on demande. J'ai eu la sensation de faire parti d'un grand groupe uni autour d'une même cause, avec des personnes qui me correspondent et d'autres moins. Au quotidien, ça me fait réfléchir sur la manière de faire, le pourquoi faire.
J'ai notamment beaucoup réfléchi à la position de sauveuse. Il est évident qu'aider quelqu'un.e, voir la personne aller vers le positif, c'est très gratifiant. Je pense que ça enrichit ma pratique professionnelle dans l'écoute et l'accompagnement. L'associatif, ça permet se tester, d'échanger avec les autres bénévoles, d'avoir des critiques sur sa posture et c'est vraiment chouette. Dans les groupes, le bénévoles et les bénéficiaires sont au même niveau, chacun.e peut s'exprimer et faire un retour à l'une ou l'autre personne. Nous avons des règles de groupe de parole qui nous permettent d'avoir des échanges équilibrés et sereins malgré le sujet dense, parfois lourd et toujours rempli d'émotions.
Pendant longtemps, j'ai peur de me positionner comme la sauveuse ultime, un peu en mode Super Lulu. C'est très valorisant quand les gens viennent nous chercher parce qu'ils veulent que vous les aidiez, il y a une sorte "d'admiration", ça peut donner envie de se sentir supérieur.e. En tout cas, c'est comme ça que j'ai perçu cette position et du coup, j'ai toujours gardé en tête que je n'étais pas plus Super Lulu qu'une autre personne et que j'avais peut être un peu plus travaillé certains sujets que d'autres mais que les autres c'était pareil.
Dans cet "échange de bons procédés" entre super personnes, je crois que j'ai trouvé une place équilibrée pas plus sauveuse que juge. J'apprends aux autres mon expérience propre et j'apprends d'eux tous les jours. Je n'aurais pas cru que tout ça me pousse autant à avancer, à positiver, à aller toujours plus vers la lumière.
Aujourd'hui, mon action bénévole continue, peut être un jour, j'aurais besoin de passer à autre chose, un autre sujet, d'une manière différente. C'est OK et je continuerais à faire ma part de colibri et à apprendre.
J'ai accepté qu'il y a une part de réparation dans mon action, il est évident que ça me donne plein de force et de positif! Je sais aussi que je devrais me retirer si, un jour, je ne cherche que à me réparer moi et pas les autres (et je compte sur mes compagn.on.e.s pour me rappeler à la raison la cas échéant!).
Mon action bénévole est riche d'enseignements au quotidien : patience, réactivité, organisation au long court, prendre en charge des missions ou en déléguer d'autres. C'est aussi des moments de rires, des moments de râlage, des moments d'émotions. C'est des amitiés fortes avec des personnes de tous bords. C'est des réunions parfois à rallonge chez les uns ou les autres avec des repas improvisés (les pâtes au beurre!!). Tout ça peut se résumer dans un bol avec quelques petits gâteaux (maison, avec du beurre et du sucre, plein d'amour, une recette parfaite de bons moments!).
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